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June Margo
13 mai 2008

Swaziland, neuf lettres noires déchirent le

Swaziland, neuf lettres noires déchirent le désert sur un panneau désolé. Une route à côté, vide aussi, une voiture, Quelqu’un dedans, les yeux, vides aussi, un grand besoin de dormir. Un tunnel coupe le trop plein de soleil, enfin un peu d’ombre, Quelqu’un voit des tâches de lumière, c’est pas éclairé, les tâches de lumière se changent en fées et multiples farfadets. Ils volètent alentours, curieux sans détours. Des serpents multicolores par terre et un caméléon flashy. On voit une bille de lumière grossir au loin, elle se dilate, rebondit et avale la petite voiture dans sa course effrénée. C’est tout bleu, jaune et brillant à nouveau et ça fait mal aux yeux. Il n’y a plus que des lézards morts d’amis. On regarde le ciel, et on voit, scintillant de métal, un oiseau d’ailes immobiles planer de plus en plus près. Il lâche quelque chose, qui descend doucement au sol et ça va vite. La petite capsule aérodynamique a vite fait de rejoindre Quelqu’un par la route. Dedans une personne, très belle, peut être une femme, elle sourit et fait signe de la main…

 

 

Le noir de la pièce n’empêche pas, cependant, de voir clairement les araignées et leurs toiles maîtres des lieux. Sur le sol empoussiéré plusieurs pieds de bois, quatre de chair. Il fait chaud, il y a une lampe à huile au milieu de la table, une main s’en approche, s’en écarte, se rapproche du visage de son propriétaire à la bouche agitée. En face, calmement sur ses arrières, la belle créature féminine contemple de ses grands yeux impassibles la danse rhétorique de l’Aubergiste.

« Bon d’accord, on l’aspirera mais je pense qu’on pourrait vraiment en faire mieux », répondit-elle enfin.

Les chaises grincent…

 

 

Il fait nuit, l'air est encore torride, ses yeux sont vraiment très beaux. L'inconnue est sur Quelqu'un, on voit très bien les étoiles, briller d'éclats multicolores, à travers ses ailes translucides. Dum! Dum!Dum! Le coeur saute à l'échappée. Les yeux, ces yeux et un sourire en dents de sabre...

 

 

Il fait chaud, les pierres brûlent, le sable, pas mieux, à l'exception de celui où je dormais, mais mon dos n'en est pas trop content. Il y a un arrêt de bus pas loin, tout ce que je veux c'est de l'ombre. Un banc et un petit toit, parfait!

Il fait suffisamment frais pour dormir, trop chaud pour rester éveillé...

 

 

Les chaises grincent toujours. L'Aubergiste porte le masque du reproche. Libellule, en face, ne peut s'empêcher un léger rougissement.

Des insectes de toutes sortes dansent autour de la lampe.

Tut! Tut! Tuuuuuuuuuu...

 

 

uuuuuuuuuuuuuuuuuuut!Le bruit d'un moteur, une odeur polluante, les yeux d'un lézard me font faces.

Je rentre dans le bus.

« Combien pour un ticket? »

Je regarde le conducteur, le conducteur ne me regarde pas.

J'attends...

une minutes...

trente secondes...

dix secondes...

je vais m'asseoir. La porte se ferme dans un soufflement, je m'assieds proche du fond, une place à gauche. Les étoiles se dévoilent peu à peu sur l'indigo rosé du ciel. Il ne fait plus aussi chaud, la fenêtre du bus offre un vent doux à mon visage. On peut dire que le cadre est agréable.

Ah! Voilà un autre arrêt...

 

 

Un petit pas, deux petits pas,

Il y a un lac dans les montagnes.

trois petits pas, quatre petits pas,

Une eau de miroir en deux couleurs.

cinq petits pas, six petits pas,

Une vague tombe, puis s'éloigne.

sept petits pas, huit petits pas,

La pupille s'élargit.

neuf petits pas, dix petits pas.

J'ouvre la porte...

 

 

Trois personnes rentrent. L'une d'elles s'assit à côté de moi. Un manteau en toile cirée, un chapeau profilé, un attaché-case entre les genoux. Il me regarde, l'ombre me cache son visage.

« Marrant ce machin qui vous vole autour. »

Je cherche, je trouve : un insecte inconnu, la carapace luisante, de longues ailes transparentes, plutôt joli.

« Vous allez à l'usine? »

Je réfléchis, « Je ne sais pas ».

Je déchiffre un sourire, puis un léger ricanement sous le chapeau.

« Tout ceux qui ne savent pas vont à l'usine. Au moins pour commencer...C'est dans trois arrêts. Vous n'aurez qu'à suivre les autres...

 

 

Je regarde la machine, elle me regarde. Un sourire denté, le bras s'anime, les yeux roulent. Je débranche. Je ne regarde plus la machine. Elle. Me regarde toujours.

« On danse? »

...

 

 

Nous sommes sept, sous un lampadaire. Les insectes dansent à la lumière, un oiseau, par dessus, les regarde, il attend. Les six autres regardent leur montre, j'attends. On avance, l'un tombe, le deuxième aussi, les autres aussi, moi aussi, dans les sables mouvants. Nous descendons, le désert nous digère, on attend.

Nous sommes rentrés, six hommes en blouse blanche sont là. On sort de la pièce ronde, pour un couloir, puis un énorme hall carré.

A l’accueil.

« Qui êtes-vous ? »

« Quelqu’un »

« Kelkin ? Couloir B, escalier 5, chambre orange…

 

 

Je flotte. Les grêlons tombent, fondent au sol, remontent. Elle est là, me donne la main. Nous montons, au dessus des nuages, le ciel se couvre de débris.

« Ne prenons pas le temps de la chute, allons brûler au soleil…

 

 

La chambre est un cube parfait et vide, la porte se fond avec le mur. Je me mets au milieu, j’attends. Chaque côté de la pièce change du blanc au noir, puis l’image arrive pareille sur chacune des faces. Elle bouge et c’est parti :

Des gens, des paysages, des immeubles, des bureaux, des gens, des objets, des animaux, de la nourriture, des gens, des gens qui travaillent, des gens qui parlent, des gens qui se battent, des gens…

 

 

Elle me regarde, tourne la tête impulsivement. Elle me refait face, les joues un peu rouges et les yeux de côté. Elle me regarde à nouveau. Les yeux hésitent, droite, gauche, droite, haut, bas, droite, gauche. Les paupières s’ouvrent, se ferment, lentement, rapidement. Clin d’œil, clin d’œil, regard, esquive. Ses yeux s’ouvrent, pupille déployée, iris prêt à bondir.

Elle me regarde…

 

 

des gens qui marchent, des gens qui courent, des gens qui dorment, des gens, des gens normaux, des gens pas normaux, des gens paranormaux, des gens…NOIR !...BLANC !

C’est fini. La porte s’ouvre.

Je sors titube-tubant en me frottant les yeux. Je descends le grand escalier tournant en file avec les autres. Les lumières s’éteignent l’une après l’autre. Une fois en bac, tout est noir. Dans l’obscurité un panneau brille :  La Ville

Là bas tout brille. Les néons grillent, les vitrines à l’intérieur noir vertluisent les passants tous de noir vêtus.

Zero Sun Jazz-Bar

Il y a une petite clochette à la porte, une serveuse souhaite « bonsoir » d’un souffle embrumé, un quatuor ganté joue une mélodie sombrement déprimante : ça me plait !

Orange sanguine en tango glacé, ananas givré au sirop de cerise noir, lait arctique au lychee, chocolat en neige…

« Qu’est ce que ça sera ? »

« …miel à bulles aux flocons de myrtille »

Il fait froid. J’enfile la veste, le bonnet et les gants qui étaient sous la table et profite de la musique…

 

 

Un pas, deux pas, on tourne et on avance.

Attention la piste est verglacée

Nous tournons et virevoltons autour du feu de glace, aidés des quelques bzz-bzz de nos ailes de dentelle…

 

 

Je contemple les étoiles fruitées de ma boisson danser aux bulles. Le pianiste engage un solo sur ses touches glaciales, je tape en rythme avec le dessous de verre en sirotant mon nectar pétillant.

Allez à la ruche, septième sous-sol

Pourquoi pas ? Je n’ai rien de mieux à faire et c’est écrit sous le bout de carton…

 

 

Le vieil homme leva sa lanterne bien haut, mais ne vit rien au delà du brouillard de mouches. Il la repose et reprend les rames. Il avança sa barque le plus discrètement possible, en regardant avec patience les gouttelettes retomber sur le lac. C’est alors qu’il entendit ce grognement terrible secouer les terres alentour, les arbres chutaient en un fracas croissant, les animaux fuyaient d’un vacarme galopant, le vieil homme tremble de peur.

Les mouches sont toujours là…


Les rues sont toujours couleur néon-noir, changement de niveau, je suis le panneau-index.

Un grand gouffre.

Je ne vois pas le fond, si il y en a un. Je cherche l’escalier ou quelque chose dans le genre.

Niveau -4 :  trois à descendre.

Je trouve quelque chose dans le genre, je ne saurais pas le décrire.

Niveau -5, rien d’autre pour descendre, je rejoins les rues, un peu plus sombres qu’avant.

Il y a moins de monde, personne pour simplifier. Ne serait-ce cette silhouette là-bas qui, d’une exquise nonchalance, promène son ombre sur les murs. Longue, fine, élancée, peut être me regarde-t-elle.

Je ne peux rien voir d’autre…

 

 

Vert dans le vert. Une promenade dans l’herbe. En parfaits inconnus, nous n’avons pas de secrets. Je l’aime, je la hais, rien de tout cela, bien au contraire. Elle, non l’autre, pas celle là, celle-ci, non elle non plus. Chercher. Pas de pas, pas à pas, on s’éloigne, on s’en va.

Elles sont deux…

 

 

Il fait noir, c’est confortable, je n’ai pas envie de me lever, à côté non plus. A demi éveillé, je me rendors, j’attends, je ne sais pas.

Ça bouge.

Elle n’a pas l’air contente.

« Donne-moi une bonne raison de ne pas te tuer »

Les mots étaient violents, mais elle n’a pas élevé la voix. C’est mieux, j’aurai une mort calme, ça me rassure.

« Une raison de vivre ? Quelle drôle d’idée »

Je sens toujours la lame froide appuyée contre mon cou, ça n’est pas désagréable, j’avais chaud. A califourchon sur mon ventre, son visage s’empourpre légèrement. La position aurait été moins embarrassante si j’avais été un cadavre. Elle s’en échappe avec hâte et va s’asseoir, je ne vois pas où.

J’entends : « On ne bouge pas, j’ai besoin de réfléchir »

Je n’ai pas envie de me lever de toute façon, il fait trop bon sous les couvertures…


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